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Production des Connaissances en Sciences Sociales en Afrique: Enjeux et De�fis
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Production des Connaissances en Sciences Sociales en Afrique: Enjeux et De�fis

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About this ebook

This book addresses the epistemological, ethical and methodological challenges faced by African scholars in their research practices. The epistemological domain addresses three interrelated topics: how African university students ethnocentric choice of research topics hampers the production of knowledge; researchers adaptation of their research methods to improve validity; and the challenge of knowledge production on community museums plagued by gross inertia, irregularities, uncooperative gatekeepers and inadequate funding. The methodological domain foregrounds issues around scientific rigour, the criteria for what counts as quality research, and reporting standards. Contributors contend that the use of mixed methods provides the best scope for the effective study and evaluation of social issues. They also detail how better-funded projects tend to improve the respect of ethical standards especially as they pertain to the protection of subjects confidentiality. Self-financed researchers on the other hand tend to be less compliant, a challenge that afflict especially younger and inexperienced researchers. This volume thus contributes not only to a critical understanding of the challenges faced by social scientists in contemporary Africa, but also the prospects and mechanisms on how to improve knowledge production processes.
LanguageEnglish
Release dateFeb 11, 2022
ISBN9781942876915
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    Production des Connaissances en Sciences Sociales en Afrique - Spears Media Press

    Introduction Générale

    Ibrahim Bienvenu MOULIOM MOUNGBAKOU

    Parue en 1824 dans un livre de William Thompson, l’expression anglaise « Social Sciences » a été popularisée dans la partie francophone du globe après la Seconde Guerre Mondiale ; notamment quand il fallut remplacer l’appellation « Sciences Morales », utilisée en 1942 pour traduire l’ouvrage de Dilthey sur les « Sciences de l’Esprit » (Ortigues, 2016). En tant que branche des Sciences Humaines, c’est-à-dire ces disciplines qui ont pour objet d’étude l’homme et ses activités, les Sciences Sociales connaissent, depuis quelques décennies, un grand essor, marqué notamment par des mutations en cours dans les sociétés contemporaines. Par son objet et ses méthodes, elles se distinguent des autres Sciences Humaines ; notamment celles qui étudient les aspects physiques de l’homme à l’instar de la Médecine, ou encore celles qui l’envisagent en tant qu’individu comme la Psychologie (Aktouf, 2009). Elles s’intéressent à une catégorie particulière des phénomènes humains : les phénomènes sociaux ou les faits sociaux.

    S’il est donc admis que les Sciences Sociales étudient l’homme dans son milieu social, il faut reconnaître que cette expression peut recouvrir des phénomènes et des situations diverses. Cependant, nombre de chercheurs pensent qu’en raison de cette diversité, les disciplines des Sciences Sociales, telles que conçues dès le départ, connaissent beaucoup de problèmes ; notamment en ce qui concerne le rendu des trouvailles qui, dans la plupart des cas, ne permettent pas toujours une compréhension holistique de la réalité étudiée (Parsons, 1975). C’est la raison pour laquelle l’on peut observer aujourd’hui la montée de nouveaux paradigmes et de nouvelles techniques dont la téléologie est de faciliter davantage l’explication et la compréhension du réel. Autrement dit, plusieurs méthodes et théories spécifiques ont vu le jour et s’adaptent aux problèmes particuliers posés par la nature singulière des phénomènes sociaux (Aktouf, 2009). Sur le plan méthodologique par exemple, l’utilisation des démarches traditionnellement circonscrites autour des techniques quantitative et qualitative a considérablement évolué, pour intégrer désormais l’approche mixte comme « troisième mouvement méthodologique» (Pluye et al., 2009). Aussi, les exigences classiques d’objectivité ont cédé la place à ce que Bourdieu (1980) appelle « l’effort d’objectivation ». À cet effet, de l’élaboration conceptuelle à l’analyse des données, en passant par le traitement, de nouvelles insertions épistémologiques et méthodologiques sont de plus en plus observées dans les travaux des chercheurs. L’on peut, entre autres, noter l’exigence de la distance épistémologique imposée aux chercheurs, l’utilisation des logiciels spécialisés dans l’analyse des données quantitatives et qualitatives, le recours aux instruments visuels dans les méthodes empiriques… ; toutes choses qui permettent de collecter les données, de les analyser et de rendre efficacement compte du réel.

    En outre, soulignons qu’une exploration de la littérature scientifique laisse constater que la problématique de la construction du savoir en Sciences Sociales en Afrique a fait l’objet d’une abondante publication. Mieux, nombre d’auteurs ont abordé les conditions, les particularités et les contraintes liées à la production des connaissances en Sciences Sociales en se fondant sur des expériences vécues et surtout sur les spécificités de la recherche en contexte africain. C’est le cas des anthropologues, des sociologues, des économistes, des historiens, des géographes et de bien d’autres chercheurs de cette grande famille qui étudient l’homme dans ses interactions sociales. Ils se sont intéressés à la plus-value des Sciences Sociales dans la compréhension du réel (Taylor-Gooby, 2004 ; Godelier, 2010) ou encore à son statut (Bautier et al., 2000 ; Popper, 1973 ; Fall, 2011 …).

    Toutefois, notons qu’en dépit de cet intérêt manifeste, le Département de Sociologie, Anthropologie et des Sciences Sociales pour le Développement de l’Université de Maroua a organisé, en juillet 2019, une journée d’études afin de contribuer à l’enrichissement de la littérature sur les conditions de production des connaissances en Sciences Sociales. A l’occasion, les chercheurs issus de toutes les disciplines ont permis, chacun selon ses sensibilités et ses paradigmes, de décrypter la problématique de la construction du savoir scientifique en Afrique. C’est dire que les contributions du présent ouvrage qui condensent les communications de cette journée d’études gravitent autour des orientations précises. L’épistémologie des Sciences Sociales par exemple y a fait l’objet de nombreuses analyses. C’est de la contribution de Luc Stéphane Massoma intitulée « Lieux d’origine, choix du sujet de recherche et effort de distanciation ». Dans ce texte, l’auteur met en lumière les écueils épistémologiques auxquels sont confrontés les étudiants qui font les travaux de recherche dans leurs localités d’origine. Partis d’une exploitation et d’une analyse des mémoires dans trois filières des Sciences Sociales et Humaines de l’Université de Maroua (sociologie, anthropologie et sciences de l’éducation), ses travaux parviennent à la conclusion selon laquelle les étudiants qui choisissent de loger leurs recherches dans leurs localités d’origine courent d’énormes risques sur le plan heuristique. Étant donné que la proximité entre le chercheur et son contexte de recherche n’est pas à proprement parler proscrite, l’auteur recommande tout de même un effort de distanciation.

    Le second chapitre intitulé: The Challenges of Studying Poverty: Its Methodological Dynamics and Applicability in the Douala Metropolis of Cameroon essaye, dans une perspective épistémologique, de montrer comment les outils méthodologiques qui servent à lire la pauvreté évoluent dans le temps et l’espace. Remettant donc en cause la thèse de la méthode absolue, Robert Nanche Billa qui en est l’auteur parvient à établir les indicateurs de mesures de la pauvreté dans la ville de Douala au Cameroun. Victor Bayena Ngitir, quant à lui, explore au chapitre 3, non seulement les techniques qui servent à documenter le patrimoine culturel camerounais, mais aussi et surtout, les challenges que recèle ce travail. Et pour sortir de cette partie essentiellement épistémologique, Hugues Heumen Tchana souligne, au chapitre 4, la nécessité d’une réflexion critique sur le contexte de naissance des musées communautaires, la nécessité de formuler un discours dialectique entre histoire et mémoire, pour s’approcher au plus près de la réalité du passé et du présent, du groupe social ainsi que du territoire que le chercheur décrit.

    La deuxième partie de cet ouvrage est consacrée à la collecte des données. En effet, les contributeurs y mettent en exergue les différentes approches qui permettent de recueillir les matériaux en Sciences Sociales. Mendong Margaret Besin-Mengala par exemple s’intéresse à l’indispensable congruence que le chercheur doit construire entre le problème, les questions de recherche, les hypothèses de recherche, les objectifs de recherche et la méthodologie. Après avoir cité les différentes articulations d’un travail scientifique, cette auteure soutient que le choix d’une méthode doit se faire en adéquation avec les éléments sus-cités ; ceci afin de garantir la conformité des résultats obtenus aux hypothèses de recherche. Paul Basile Odilon Nyet, quant à lui, propose une réflexion sur le statut épistémologique des méthodes mixtes dans la recherche-intervention en Sociologie des organisations. Il explique à cet effet que le recours à l’approche qualimétrique dans l’évaluation de la performance des organisations de la société civile révèle les forces, les faiblesses et surtout les capacités de résilience de ces organisations face aux difficultés conjoncturelles et structurelles dans la construction de l’action collective. Paulette Mappi Dzukou et Michel Oyono Tadjuidje, dans une co-publication, reviennent sur le sempiternel débat sur le quantitatif et le qualitatif. Pour ces deux auteurs, il est impératif de trouver des invariants transversaux qui, par voie de conséquence, peuvent favoriser une application de ces méthodes en termes de continuum.

    La troisième partie questionne l’éthique de la recherche. Mieux, elle s’intéresse aux normes qui régissent les conditions de production des connaissances en Sciences Sociales. Étant donné que le processus de la recherche est encadré par des règles, les chercheurs africains en général et camerounais en particulier éprouvent d’énormes difficultés à produire des connaissances éthiquement recevables. Pour le justifier, Ibrahim Bienvenu Mouliom Moungbakou indexe, au chapitre 8, la lourdeur et surtout l’opacité des procédures d’obtention d’une approbation éthique, l’insuffisance des financements de la recherche et le manque de culture scientifique des informateurs. Tous ces écueils ne favorisent pas, à son avis, l’observance des règles éthiques qui encadrent la recherche sur le terrain. Pour recueillir les matériaux empiriques donc, les chercheurs africains sont obligés, selon les propos de l’auteur, de développer des stratégies qui peuvent contribuer à l’atteinte de leurs objectifs. Yadji Mana aborde lui aussi cette question sur les conditions de production de la connaissance en Sciences Sociales. Mettant un accent particulier sur le consentement éclairé des informateurs, il indique que cette condition n’est pas une formalité morale à remplir à tout prix et à tous les prix, mais un atout nécessaire pour une bonne conduite de la recherche sur le terrain.

    Références bibliographiques

    Aktouf, O., 2009. Méthodologie des Sciences Sociales et approches qualitatives des organisations. Une introduction à la démarche classique et une critique, Montréal : Les Presses de l’Université de Montréal.

    Bautier, E. & al., 2000. Entre apprentissage et métier d’élève : le rapport au savoir, In Van Zanten, A., École, État des savoirs, Paris : La Découverte.

    Bourdieu, P., 1980. Questions de sociologie, Paris : Minuit.

    Fall, M. A., 2011. Décoloniser les sciences sociales en Afrique, In Journal des Anthropologues, n° 124-125.

    Godelier, E., 2010. Entreprise et sciences sociales : production de savoir ou collusion ?, In Revue des Sciences Humaines, vol.10 .

    Ortigues, E., 2016. Théologie, philosophie et Sciences Sociales, In Archives des Sciences Sociales des Religions, vol. 173.

    Parsons, T., 1975. Social Systems and The Evolution of Action Theory, New York : The Free Press.

    Pluye, P. & al., 2009. Les méthodes mixtes, In Ridde, V.& Dagenais, C., Approches et pratiques en évaluation de programme, Montréal : Les Presses de l’Université de Montréal.

    Popper, K. R., 1973. La logique de la découverte scientifique, Collection Bibliothèque Scientifique Payot.

    Taylor-Gooby, P., 2004. Les nouveaux risques sociaux dans la société postindustrielle : les réactions d’Eurobaromètre aux politiques actives du marché du travail, In Revue Internationale de Sécurité Sociale, vol. 57, no 3.

    PREMIÈRE PARTIE

    ÉPISTEMOLOGIE DE LA RECHERCHE

    1

    Lieux d’origine, choix de sujets de recherche et effort de distanciation

    Luc Stéphane MASSOMA

    En Sciences Sociales, le rapport au réel du chercheur est influencé par la nature de son objet de recherche. Cet objet n’est ni immuable, ni constant dans son rapport au temps et à l’espace, et le profane peut généralement prétendre également le connaître. Selon Ferréol et Noreck (1990), « Les sociétés sont soumises à des déterminismes qui échappent à la conscience des acteurs sociaux ». C’est ainsi que, pour des questions qui intéressent les scientifiques du social, certains acteurs sociaux ont des préjugés, des réponses basées sur une observation spontanée. Ces connaissances issues de l’observation immédiate sont souvent superficielles et éloignées de la réalité. Balandier (1971) dit à ce propos que « le décalage entre les apparences de la réalité sociale et cette réalité elle-même est maximal ». C’est dans l’optique d’aller au-delà de ce niveau superficiel de connaissance de ces questions que l’on procède à la construction sociologique de l’objet de recherche. Une construction appropriée de l’objet permettra de chercher objectivement, dans ce qui est caché, la confirmation ou l’infirmation de ce qui apparaît à l’observation immédiate, car il faudrait, « derrière la suite apparemment accidentelle des événements, saisir les causes profondes qui en rendent compte » comme l’écrit Aron (1967).

    Le préalable à la construction de l’objet dans les recherches universitaires classiques est généralement le choix d’un thème de recherche dicté par les centres d’intérêt du chercheur. Le présent propos naît du constat selon lequel les étudiants dans le contexte universitaire où nous nous trouvons choisissent souvent le lieu dont ils sont originaires pour loger leur préoccupation de recherche. Ainsi, un étudiant de Master de la tribu Massa logera naturellement sa recherche à Yagoua ou dans un quelconque lieu en bordure du Logone, tout comme un Moundang choisira comme site de recherche Kaélé par exemple. Sans décréter d’emblée une non-pertinence de ces choix de site de recherche, nous voulons dans la présente contribution souligner les efforts de prudence épistémologique que de tels choix devraient susciter.

    Le choix de sujet, un exercice déterminant pour la suite de la recherche

    Pour des questions telles que le choix d’une formation académique ou celui d’un métier, le poids des enjeux est porté à son paroxysme. Pascal (1966) disait dans le même ordre d’idées que « La chose la plus importante à toute vie est le choix d’un métier». S’il semble moins capital de procéder au choix d’un sujet de recherche, il n’en demeure pas moins que cet exercice peut déterminer une carrière dans la recherche, et même sur le marché de l’emploi en tant qu’expert, consultant ou autre chose. Il s’agit donc là d’un couloir dans lequel il est important de s’assurer de la portée heureuse des décisions qui sont prises. C’est pour ces raisons que, se pencher sur des questions liées aux choix du sujet et aux risques heuristiques y associés, est un exercice d’une importance épistémologique cruciale.

    Problématique du choix

    La notion de choix est omniprésente dans tous les secteurs de la vie humaine. Le quotidien des individus en société les conduit de façon régulière, constante même, vers des situations qui les contraignent à exprimer des préférences. Les acteurs sociaux sont ainsi soumis à une pression incessante d’occurrences associées à des choix dont ils ne peuvent s’affranchir. Jason et Sarah McClure expriment ce fait en ces termes :

    Most people go through life stating preferences […]. The world is designed for us to state preferences. When you go to a restaurant, you are expected to state a preference for what is on the menu…» [Trad: Tout au long de leur vie, la plupart des gens établissent des préférences […]. Le monde est conçu pour nous amener à établir des préférences. Quand vous allez dans un restaurant, on s’attend à ce que vous établissiez une préférence sur la base de ce qui se trouve sur le menu…] (2003 : 11, cette traduction est la nôtre).

    Le choix est donc une constante de la vie humaine, autant individuelle que collective, puisque l’individu a la latitude d’exprimer son choix, le groupe aussi, au travers des individus. C’est le cas par exemple dans les élections présidentielles, municipales ou législatives ; mais aussi pour des questions plus proches du quotidien de l’individu moyen. Il se trouve que, dans certains cas, les acteurs sociaux ne sont pas suffisamment armés pour affronter les situations de choix qui se présentent. Cela arrive dans des cas de moindre importance comme lorsqu’on n’arrive pas à se décider sur le menu, mais aussi et plus souvent, dans des situations exposant à des enjeux majeurs (choix d’études, choix d’un métier, choix d’un conjoint, choix d’un partenaire d’affaires, choix d’un investissement, choix d’une religion…). Dans ce dernier cas, le choix devient bien plus complexe. Bedard, Deziel et Lamarche disent à propos de ces choix :

    S’il fallait, jour après jour, peser méticuleusement le pour et le contre avant d’entreprendre la moindre action, cela signifierait, par exemple, que pour acheter une douzaine de tomates au supermarché, vous passeriez en revue toutes celles qui sont sur le présentoir pour être sûr de choisir les douze plus belles. Or, ce que vous faites plutôt, c’est choisir les douze premières qui vous satisfont. Il en est ainsi de la plupart des décisions que nous prenons : elles ne reposent pas sur une logique à toute épreuve. Par contre, il en va autrement de certaines décisions qui impliquent un engagement important de notre part, et dont les conséquences peuvent se révéler cruciales. Le choix d’un programme, à l’université par exemple, présente des implications à long terme et entraîne des coûts élevés, non seulement sur le plan financier, mais aussi sur le plan de l’énergie. On ne sera donc pas surpris de voir une personne peser longtemps le pour et le contre, se renseigner minutieusement et tenter de prendre la décision la plus rationnelle possible » (1999 : 83).

    L’individu, confronté à la complexité du choix à opérer, doit alors faire face à sa propre indécision, aux cruelles carences en informations fiables ou à l’excès d’informations difficiles à gérer qui l’empêchent de discerner clairement la voie à emprunter. Le poids des enjeux et la crainte de se tromper le conduisent dans une procrastination souvent prolongée pour ce qui est de la décision à prendre. Avec le temps, cette indécision peut s’estomper, lorsque le sujet en vient à s’accommoder à la situation, à « se faire violence» pour prendre la décision la plus aisée (pas forcément la bonne). C’est ainsi que lorsqu’un étudiant en année de recherche doit choisir un thème pour son mémoire, il est confronté à un exercice a priori compliqué, mais facile quand on connait les critères de base qui devraient guider le choix d’un sujet de recherche.

    Quelques critères pour le choix d’un thème de recherche

    La période pendant laquelle l’étudiant doit choisir un sujet de recherche s’avère souvent être préoccupante. Tout d’abord, il a jusque-là suivi une formation dans laquelle toutes les orientations étaient définies par les formateurs. En effet, durant le cycle de licence, l’étudiant n’est jamais confronté à des choix aussi importants que celui auquel l’expose le mémoire de Master à produire. Il est habitué à suivre la direction donnée par les enseignants dans les cours, dans les travaux dirigés (TD) et même dans les travaux personnels de l’étudiant (TPE). Le fait de clamer régulièrement dans les amphithéâtres que dans la nouvelle logique de l’enseignement imprimée par le système LMD, l’étudiant a un pourcentage d’effort plus important à fournir dans l’acquisition du savoir n’y change pas grand-chose. C’est encore l’enseignant qui a le monopole et qui donne les directives. On est toujours dans la logique décrite par Gremmo (2003) : « [Le] discours [de l’enseignant] lui sert, par exemple, à donner des instructions, désigner des acteurs, encourager la « participation. Son travail est aussi d’évaluer les connaissances : dans son discours, il va alors solliciter des réponses à des questions, confirmer ou infirmer ces réponses. Son travail est encore d’animer le groupe : c’est donc lui qui va contrôler l’interaction, ouvrir et fermer les échanges, distribuer la parole » (2003 : 164).

    On voit là une main mise évidente de l’enseignant sur la relation pédagogique avec l’étudiant. Lorsque cet étudiant arrive en Master et se retrouve dans la posture de celui qui doit prendre en charge l’orientation vers un objet d’étude particulier, la tâche est pour lui nouvelle et compliquée. Certes, il a reçu des enseignements sur la recherche en Sciences Sociales qui peuvent réduire son embarras s’il sait s’y référer, mais qui sont loin de l’annuler. Il y a heureusement aujourd’hui un foisonnement d’écrits présentant des critères de choix de sujets de recherche

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