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La fureur: Fuse (French), #3
La fureur: Fuse (French), #3
La fureur: Fuse (French), #3
Ebook535 pages10 hours

La fureur: Fuse (French), #3

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About this ebook

Le troisième tome tant attendu de la saga La fusion, signé E. L. Todd, auteure à succès du New York Times.

 

Cora et ses alliés doivent renverser le roi le plus abominable de toute l'histoire d'Anastille.

Triompheront-ils ?

Ou perdront-ils tout ce qu'il leur reste ?

LanguageEnglish
Release dateApr 15, 2022
ISBN9798201347710
La fureur: Fuse (French), #3
Author

E. L. Todd

E. L. Todd was raised in California where she attended California State University, Stanislaus and received her bachelor’s degree in biological sciences, then continued onto her master’s degree in education. While science is interesting and a hobby, her passion is writing. After writing novels as a small child, her craft grew until she found the confidence to show her closest friends—which is how Only For You, the first installment of the Forever and Always series, and the Soul Saga series began. When she isn’t reading or writing, she is listening to indie rock music. Her current favorite artist is Mumford and Sons, whom she credits most of her inspiration for her novels. She also enjoys running and swimming, as well as working as a high school teacher. She also works as an assistant editor at Final-Edits.com. She has an unusual obsession with dogs, even though she doesn’t own one, and her favorite vacation spot is Disneyland, which she visits several times a year. The most important aspect of her life is her friends, whom contributed so much time and energy into all of her novels. According to E. L. Todd, “Without them, Only For You and Soul Catcher never would have come to fruition. I am theirs forever.”

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    Book preview

    La fureur - E. L. Todd

    1

    COUPABLE DE TRAHISON

    Le général Callon s’avança jusqu’au pied du trône de la reine Delwyn. Les mains derrière le dos, en armure de combat, il attendit l’exécution qu’elle lui avait promise. Aucune de ses armes ne lui avait été confisquée par les gardes ou les soldats.

    La reine le fixait depuis son trône, des fleurs tressées dans ses cheveux, sa longue robe flottant dans la brise légère qui entrait par les fenêtres ouvertes. Sa beauté égalait celle de la forêt alentour, mais ses yeux possédaient plus de cruauté que le tranchant des lames sur le champ de bataille.

    – J’ai donné des ordres. Et pourtant, tu es là… ton arc en bandoulière, ton épée à la hanche.

    Elle promena les yeux sur son armure, s’attardant sur les médailles de fleurs épinglées à sa poitrine, le décorant comme un héros de guerre.

    Puis la reine porta son regard vers Aldon, le nouveau général.

    – Désarme-le. Je ne le répéterai pas.

    Callon fixa la reine, pas du tout surpris qu’elle l’ait révoqué de son poste et ait nommé quelqu’un d’autre à la tête des armées elfiques.

    Le général Aldon observa Callon.

    Ce dernier lui fit un signe de tête.

    Mais Aldon ne bougea pas. Il dirigea son regard vers la reine, l’air désemparé.

    Callon s’adressa à la reine, voyant les flammes de la colère lui embraser les yeux.

    – J’ai donné ma vie à l’Étoile d’Eden. Ma famille a sacrifié sa vie pour l’Étoile d’Eden. Je souhaite être exécuté avec les honneurs.

    Un torrent de lave empourpra le visage de la reine, et des flammes orange dansèrent dans ses beaux yeux verts.

    – Laissez. Nous.

    Ses ongles longs agrippèrent les bras de son trône, ses bracelets de fleurs roulèrent sur les tendons contractés de ses poignets.

    Le général Aldon prit congé en silence.

    Ainsi que Melian, la garde de la reine.

    Le silence s’installa. Un silence de colère.

    – Ta trahison en a-t-elle valu la peine ?

    Immobile et furieuse, elle ressemblait à une prédatrice sur son trône-perchoir.

    – Cora est ma famille…

    – Et je suis ta reine.

    Elle se leva. Les fleurs entrelacées dans le tissu de sa robe étaient les mêmes que celles tressées dans ses cheveux. Ses paroles se réverbérèrent violemment contre les murs malgré les fenêtres ouvertes et la vigne qui grimpait à l’intérieur.

    – Tu es plus que ma reine. Tu es ma famille. Et même si tu détestes cette idée, elle fait partie de ta famille aussi.

    Des yeux reptiliens apparurent, réduits à de simples fentes.

    – Elle est une abomination. Rien de plus.

    La main de Callon agrippa son autre poignet dans son dos, seule réaction physique qu’il pouvait se permettre.

    – Je maintiens ma décision et j’accepterai les conséquences de mes actes. Fais ce que tu dois faire.

    – Est-elle en vie ?

    – Oui.

    – Alors pourquoi elle n’est pas ici ?

    Elle s’approcha du haut des marches du trône, sa robe découvrant ses pieds nus.

    – Elle a d’autres obligations.

    La reine plissa les yeux de plus belle et elle entama sa descente, flottant sur les marches comme portée par des ailes invisibles.

    – Elle a quitté la forêt qu’elle voulait pour patrie. Tu es parti avec elle. Qu’est-ce qui était si important, Callon ?

    – Elle avait besoin de mon aide…

    – Pour faire quoi ?

    Le visage juste en face du sien, il soutint son regard.

    – Elle avait besoin de sauver quelqu’un. Mais elle ne pouvait pas le faire seule.

    – Sauver qui de qui ?

    – Un ami d’un ennemi.

    Les yeux de la reine fouillaient les siens, de plus en plus furieux. Son intelligence était sans commune mesure, et son esprit rapide était capable de relier des points invisibles.

    – Tu devrais avoir honte de ce que tu as fait.

    Le visage de Rush traversa la vision de Callon, des yeux bleus pleins d’arrogance, les yeux d’un bourreau.

    – Je regrette mon rôle dans cette histoire, mais je ne regrette pas de l’avoir protégée. Si je n’avais pas été là, elle serait morte.

    – Si seulement elle l’était…

    La reine s’éloigna en lui jetant un regard froid, sa robe féérique traînant sur le sol avec un léger bruissement. Elle tourna son attention vers la fenêtre, et la forêt infinie au-delà.

    – L’empire t’a-t-il vu ?

    Les yeux de Callon étaient concentrés sur ses longs cheveux et les fleurs entrelacées dans les tresses blondes.

    – Oui.

    Elle pivota, le regard provocateur.

    – Regarde ce que tu as failli nous coûter…

    – Nous sommes en guerre contre l’empire depuis des millénaires. Ce n’est pas une provocation nouvelle. Ils ont assassiné ma femme, mon fils et mon frère, mon roi. Ils savent très bien quel est notre état d’esprit. Ils savent que je passerais le roi Lux au fil de mon épée s’il croisait mon chemin. Le silence et la distance n’ont émoussé ni mon ire ni ma lame.

    La respiration de la reine s’intensifia, tout comme sa colère.

    – Elle est bannie de l’Étoile d’Eden. Considérée comme une ennemie des elfes.

    – Elle n’est pas notre ennemie…

    – Elle a provoqué l’empire. Ils vont la pourchasser — et ils ne la suivront pas ici.

    Impuissant, Callon ne pouvait rien faire pour protéger sa nièce, pas cette fois.

    La reine s’approcha, sa fureur se dissipant comme la brume s’évapore au soleil de l’après-midi.

    – Je ne prendrai pas la vie d’un de la Clairière, donc je t’épargne. Mais tu n’es plus le général de l’Étoile d’Eden, comme tu t’en doutes sûrement. Plusieurs vies de bons et loyaux services n’excusent pas une seule trahison.

    – Tu as raison, reine Delwyn. Merci pour ta clémence.

    Elle se détourna et monta les escaliers pour rejoindre son trône. Comme il ne bougeait pas, elle se retourna à mi-chemin.

    – Mais tu vas accorder à Cora l’asile à l’Étoile d’Eden.

    Les yeux intelligents de la reine s’aiguisèrent comme la pointe d’une flèche.

    – Je ne…

    – Parce que si tu ne le fais pas, je révélerai son ascendance aux elfes.

    En un éclair, elle redescendit les marches et lui fit face.

    – Comment oses-tu…

    – Je ne suis plus le général de ton armée. Désormais, je suis un simple citoyen, alors je n’ai aucune obligation de protéger tes secrets, des secrets que ton peuple est en droit de savoir. Une reine gouverne avec révérence et respect, pas pour son propre intérêt.

    Elle soutint son regard avec une rage contenue.

    – Ne te méprends pas sur ma loyauté parce qu’elle est envers toi et l’Étoile d’Eden, comme toujours. Mais Cora est ma Sor-lei. Et je ferai tout pour la protéger.

    2

    SON RÈGNE CONTINUE

    L’obscurité recouvrait Anastille comme un drap. Une nuit sans lune, une terre sans brise. Le dragon noir volait haut dans le ciel, invisible pour toute créature terrestre, à moins de fixer les étoiles au même moment.

    Et pendant une brève seconde, les étoiles disparaissaient.

    Cora percevait le monde d’une nouvelle perspective, avec les ailes d’un oiseau, la force d’une montagne et l’agilité d’un être supérieurement intelligent. Son esprit sombrait dans le sommeil lorsqu’elle se reposait durant le voyage, mais Ashe demeurait fort, même s’il n’avait pas fait un vol aussi long depuis des millénaires.

    Nous approchons de l’Étoile d’Eden.

    Elle ouvrit les yeux, incapable de discerner les contours de la forêt.

    Tu peux la voir ?

    Je peux la sentir.

    Les ailes immenses s’immobilisèrent et ils descendirent en planant dans une vaste prairie. Cora sentit l’air frôler ses ailes et ses serres s’enfoncer dans la terre quand son corps pesant heurta le sol dans un bruit sourd.

    C’était surréel.

    Nous terminerons le voyage à pied.

    Je ne sais pas trop comment me retransformer…

    Ramène l’énergie vers toi.

    Ouais… va falloir être plus précis.

    Inspire à fond. Ce souffle est l’énergie.

    Elle ferma les yeux et suivit les instructions, puis tomba en avant et atterrit à plat ventre sur le sol à la seconde où elle fut sur ses pieds. L’herbe luxuriante amortit quelque peu sa chute, mais son visage s’aplatit contre la terre. Heureusement, elle n’eut pas le nez cassé.

    – C’était l’élégance même…

    Elle se releva et sortit immédiatement sa gourde pour abreuver sa gorge desséchée.

    Tu progresseras.

    – Tu as besoin de quelque chose avant qu’on se mette en route ?

    Un grizzli.

    – Alors tu devrais chasser maintenant. Ce sera interdit à l’Étoile d’Eden.

    Tu vas chasser, Cora. Je viens d’achever un voyage interminable.

    Elle grimaça, mal à l’aise.

    – Je suis désolée, Ashe. Je… je ne chasse pas.

    Tu es à moitié humaine.

    – Mais je suis cent pour cent elfe pour la bouffe.

    Avant qu’ils soient fusionnés et se parlent par leurs esprits, elle sentait un lien particulier avec le dragon noir, proche de celui qu’elle avait avec Flam. Mais maintenant qu’ils étaient fusionnés en une seule et même personne… c’était différent. Non seulement elle entendait ses pensées, mais elle les sentait aussi. Toutes les nuances de l’émotion étaient pratiquement des mots. C’était une méthode de communication complètement différente.

    – Je suis désolée.

    La déception d’Ashe était aussi chaude contre son flanc que s’il était un feu très proche. Silencieux, mais présent, brûlant. Alors je ferai vite.

    Sa vision se brouilla et elle se retrouva de nouveau par terre, mais elle voyait encore ses paumes humaines dans l’herbe.

    Ashe était presque invisible, son immense corps noir se fondant si bien dans la nuit qu’elle ne l’aurait pas détecté autrement. Mais sa présence se fit pleinement sentir lorsqu’il bondit pour prendre son envol. Cora écouta le puissant battement de ses ailes alors que le dragon partait pour une chasse nocturne.

    Elle s’assit dans l’herbe et attendit son retour.

    Cora arriva à proximité de l’Étoile d’Eden au moment où le soleil levait le voile noir de l’obscurité. Elle se sentait lourde, comme si son poids humain était lesté de la masse du dragon lové dans son corps. Dès qu’elle franchit l’orée de la forêt, elle le sentit.

    Son pays.

    Les oiseaux saluaient le jour par leur chant matinal en voletant dans la canopée. Les abeilles et autres pollinisateurs étaient visibles dans les rayons du soleil, butinant de fleur en fleur. Une lourde incertitude accompagnait son retour à Eden Star, mais le calme apaisant de la forêt lui faisait oublier.

    L’Étoile d’Eden. Exactement comme dans mes souvenirs.

    – Tu es allé dans la forêt ?

    Plusieurs fois. Comment les elfes vont-ils t’accueillir ?

    – Sincèrement, je ne sais pas trop…

    De la colère. Une grosse colère. Leurs émotions étaient si tangibles que parfois ils n’avaient pas besoin de mots pour communiquer.

    – Si mon oncle est là, ça ira.

    Si ? Où pourrait-il être sinon ?

    Elle ne voulait même pas y penser.

    Elle continua son chemin dans la forêt, sachant que les gardes finiraient par l’intercepter. Ils l’observaient probablement en ce moment même, leurs arcs braqués sur elle depuis des endroits invisibles dans les arbres.

    Nous ne sommes pas seuls.

    Elle regarda par-dessus son épaule et vit un elfe arborant la même armure que celle de Callon. Noire avec une cape verte, des médailles de fleurs sur la poitrine, une épée tranchante à la hanche. Il l’observait à distance, marchant à son rythme.

    Elle s’arrêta.

    L’elfe s’approcha d’elle, majestueux et impassible, le visage dur, les yeux sans vie. Il s’arrêta aussi.

    Je ne me souviens pas que les elfes se saluent avec une telle hostilité silencieuse.

    Ben… je ne suis pas très populaire ici.

    L’elfe prit la parole.

    – Je suis le général Aldon. Callon m’a demandé de t’escorter jusqu’à sa maison dès ton arrivée.

    Oh non. Il a perdu son poste… à cause de moi.

    Mais il est en vie.

    Cora suivit le général Aldon entre les arbres et à travers les prairies, les sons de la forêt s’intensifiant à mesure qu’ils approchaient du cœur du royaume. Bientôt, les arbres s’éclaircirent, révélant le chemin qui sillonnait à travers le marché, les maisons dans les arbres, le chariot avec les fruits cueillis dans les champs.

    Les elfes étaient debout dès l’aube — et leurs yeux se braquèrent immédiatement sur elle.

    Tu n’es pas respectée ni célébrée parmi ton peuple.

    Je t’ai dit… pas très populaire.

    Alors la reine ne t’écoutera pas.

    Pas tout de suite.

    Cora ignora les regards, gardant les yeux rivés sur le dos d’Aldon.

    Les minutes passèrent avant qu’Ashe reprenne la parole.

    Je crois qu’ils vont changer à ton égard.

    Ben… merci.

    Tu m’as changé.

    Mais tu n’es pas une salope.

    Une quoi ?

    Laisse tomber.

    Aldon s’approcha du pied de l’arbre où était construite la maison de Callon, haut dans les branches ; les colibris dardaient leur langue dans les fleurs juste devant la fenêtre de sa cuisine. Aldon s’arrêta devant les marches et la regarda.

    Heureuse de voir Callon, mais aussi terrifiée que leur relation ait changé, elle fixa les marches.

    – Je dois te désarmer.

    Aldon tendit la paume pour qu’elle lui remette l’épée à sa hanche, faite d’écailles de dragon.

    Aux yeux des elfes, tu es une ennemie.

    Pas pour eux. Juste pour la salope que j’ai mentionnée tout à l’heure.

    La main d’Aldon resta suspendue entre eux.

    Elle n’eut pas d’autre choix que de sortir l’épée de son fourreau.

    Ton épée est faite d’écailles de dragons. Elle ne doit pas le voir.

    Que suis-je censée faire d’autre ?

    – Général Aldon.

    Callon descendit gracieusement de l’arbre le long de l’escalier souple en vigne et posa le pied sur le sol à côté d’eux. En tunique verte et pantalon marron, il était vêtu comme les autres elfes, mais conservait sa posture autoritaire de général. Il n’avait pas besoin d’armes ni d’armure pour impressionner.

    Le général Aldon se tourna vers lui et lui adressa un signe de tête respectueux en guise de salut.

    – Inutile de lui prendre ses armes.

    Le général Aldon soutint son regard.

    Son cœur se serra dans sa poitrine. Sa gorge la brûla soudain. Elle était émue de voir Callon.

    Je sens ton amour pour lui.

    Callon congédia le général d’un signe de tête.

    – Si la reine Delwyn souhaite le contester, qu’elle me le dise elle-même.

    Le général Aldon prit congé.

    Le règne du général Callon continue.

    Il s’éloigna, les laissant seuls au pied de l’arbre.

    Callon tourna ses yeux vert foncé vers Cora, l’examinant avec son expression sévère habituelle. Seule sa respiration soudain plus lourde trahissait son émotion.

    – Je suis content que tu sois à la maison, Sor-lei.

    Elle se blottit contre lui et l’étreignit, son baluchon encore dans le dos, sa joue contre sa poitrine.

    – Je suis tellement désolée…

    Callon lui encercla les épaules et la serra fort.

    – Viens. On va prendre le petit déjeuner.

    3

    DES ALLIÉS

    Callon et Cora étaient assis à la table près de la fenêtre d’où entraient des papillons colorés, qui voltigeaient un peu avant de ressortir, et des branches fleuries qui s’agrippaient aux murs à l’intérieur de la maison. Des petits oiseaux s’approchaient, leurs gazouillis composant la bande-son de la forêt.

    Il servit des bols chauds d’avoine grillée à feu doux, remplis d’un mélange de fraises, de myrtilles et de noix émiettées, le tout arrosé d’une pincée de sucre brun et d’une cuillérée de sirop d’érable.

    Callon gardait les yeux baissés sur son bol la plupart du temps et mangeait avec une lenteur exagérée, laissant sa cuillère plantée dans l’avoine entre deux bouchées. Quand il mâchait, il levait brièvement les yeux vers elle.

    Cora n’avait rien mangé de frais ou de bon depuis un bout de temps, aussi elle dévora son bol, puis le remplit avec ce qui restait au chaud dans la casserole. Même sans conversation, elle avait l’impression que le temps n’avait pas passé, comme si elle n’avait jamais quitté l’Étoile d’Eden.

    – Comment vas-tu ?

    – Mieux maintenant que tu es à la maison.

    – Je ne voulais pas que tu t’inquiètes pour moi.

    – Vu les circonstances, il était impossible de ne pas s’inquiéter.

    – Rush ne m’aurait jamais fait de mal…

    – Ne parlons pas de lui.

    Il reporta immédiatement les yeux sur son bol et fit tournoyer sa cuillère.

    Cora grimaça face à sa froideur.

    – Je suis vraiment désolée… Tu n’imagines pas à quel point.

    Le décevoir était pire que la souffrance physique qu’elle avait endurée entre les mains du sénéchal d’Easton. La douleur émotionnelle était bien pire que la douleur physique… comme elle l’avait appris récemment.

    – Même si j’avais su qui tu voulais sauver, je t’aurais quand même accompagnée. Même savoir que cela allait me coûter le poste que j’occupais depuis des millénaires n’aurait rien changé. Alors, ne sois pas désolée.

    Son regard resta à la fenêtre, observant les oiseaux posés sur la branche voisine.

    – C’est difficile de ne pas l’être…

    – Le devoir d’un homme est de protéger sa famille, dit-il en tournant les yeux vers elle. Tout le reste… passe en second. Il était aussi temps pour moi de me retirer. Le général Aldon est la personne que j’ai recommandée pour le poste — et la reine Delwyn a eu la sagesse de m’écouter.

    – On dirait que c’est toujours toi qui commandes.

    Il la regarda sans réagir, les doigts sur le manche de la cuillère.

    – Comme je l’ai dit, je suis le général des elfes depuis des millénaires.

    Ils désobéissent aux ordres d’une reine pour lui. Ça veut dire qu’il a gagné la loyauté incontestable de son peuple — plus que la reine elle-même. Je l’aimais bien quand il servait sous le roi Valnor. Je l’aime encore. C’est un homme bon. Il t’aime comme son propre enfant.

    Je sais.

    – Je suis surprise que la reine Delwyn m’ait autorisée à revenir.

    Callon reporta son regard sur son bol, avalant une cuillérée désormais froide.

    C’est grâce à lui.

    Comment tu le sais ?

    Cela fait longtemps que je n’ai pas côtoyé les elfes, mais je me souviens d’une chose. L’important n’est pas les mots qu’ils disent, mais ceux qu’ils ne disent pas.

    – Comment l’as-tu convaincue ?

    – Je ne l’ai pas convaincue, dit-il avant de manger très lentement sa bouchée. Je lui ai fait du chantage. Pas par plaisir, mais par nécessité. Quand elle m’a interrogée sur nos pérégrinations, j’ai dit la vérité, une vérité voilée. Elle est ma reine, je la respecte et la sers sans réserve.

    – Quel chantage ?

    – Je l’ai menacée de révéler aux elfes ta vraie identité.

    La reine Delwyn est corrompue, on dirait.

    Je pense que c’est plus compliqué que ça.

    Rien n’est compliqué à moins de le rendre compliqué.

    – Ça a dû l’énerver.

    Il a baissé les yeux vers son bol.

    – Je n’avais pas d’autre choix. Si j’étais encore son général, ça aurait été différent… mais je ne le suis plus.

    – Alors c’était vraiment stupide de sa part.

    Il prit une nouvelle cuillérée d’avoir dans son bol.

    – Sa réaction était émotionnelle. Pas stratégique.

    Ce n’est pas une qualité chez un leader.

    Tu as rencontré la reine Delwyn ?

    Non.

    – Alors… que sait-elle exactement ?

    Au lieu de prendre la bouchée qu’il avait mis tant de temps à préparer, Callon la laissa dans son bol. Il semblait avoir terminé, car il abandonna ses céréales pour de bon. Il mit les coudes sur la table, et croisa les bras.

    – Que tu es partie pour sauver quelqu’un de l’empire. Je t’ai rejointe pour que tu restes en vie. C’est tout.

    – Donc elle ne sait pas pour…

    – Non.

    – Merci d’avoir gardé le secret.

    Il regarda vers la fenêtre.

    S’il n’avait pas trompé sa reine, tu aurais été bannie de l’Étoile d’Eden — même lui n’aurait pas pu l’empêcher.

    Je sais.

    – La reine Delwyn m’a demandé si on m’avait vu, et je n’ai pas pu mentir. L’empire sait que nous sommes alliés maintenant. Les batailles ont cessé, mais nous sommes toujours en guerre. Cette trêve peut prendre fin dans un proche avenir.

    Il a raison.

    – Merde…

    Callon lui fit les gros yeux.

    – Pardon, s’excusa-t-elle prestement.

    – Ils te cherchaient, mais ils savent désormais où te trouver. En tant que témoin direct de tes prouesses, je ne suis pas surpris que te retrouver soit leur priorité.

    – Mais personne ne peut pénétrer dans la forêt, n’est-ce pas ?

    – Rien n’est garanti.

    Ils m’ont offert un sanctuaire de paix… et je leur donne la guerre.

    – Je n’aurais pas dû venir ici.

    Les conséquences de ses actions étaient plus lourdes maintenant que cet endroit n’était plus seulement une forêt mythique. C’était son pays maintenant. Des images de la forêt en feu apparurent dans son esprit, les cabanes dans les arbres s’effondrant au sol, le trône en flamme.

    – C’est ton pays. Alors si, tu as bien fait de revenir.

    Elle le regarda dans les yeux.

    – C’est tous pour un ici. Nous protégeons les nôtres. Nous te protégerons.

    – Je ne veux pas être protégée. Je veux que la forêt soit en sécurité.

    – Comme tu l’as dit toi-même, le roi Lux aurait fini par nous attaquer. Il viendra plus tôt que prévu. C’est la seule chose qui change.

    – Pas si je quitte l’Étoile d’Eden et qu’ils me suivent…

    Il secoua la tête.

    – Tu nous ferais gagner du temps, mais rien de plus.

    La culpabilité envahit Cora. La submergea.

    Il la fixait toujours.

    – Je m’efforcerai de te préparer à ce qui nous attend. Et quand le moment arrivera, tu auras mon épée, mon bouclier et mon arc pour t’amener là où tu dois aller.

    Ton général personnel.

    – Merci, Tor-lei.

    Il baissa les yeux vers son bol délaissé.

    – Je déteste te demander plus, mais…

    Le regard de Callon redevint grave et concentré.

    – Serait-il possible de convaincre la reine Delwyn de marcher sur les armées du roi Lux la première ?

    Il intériorisa la question avant de secouer la tête.

    – C’est possible. Mais peu probable. À moins que la guerre n’éclate à nos frontières, nous ne nous engagerons pas. Nous avons perdu suffisamment de batailles pour savoir que c’est sans espoir. À cet égard, je soutiens sa décision. Trop d’hommes. Trop de dragons.

    – Et si nous avions des alliés ?

    Callon la regarda différemment, ses yeux aiguisés comme des pointes de flèche.

    – Sor-lei, que s’est-il passé après mon départ ?

    Ne lui dis pas.

    On peut lui faire confiance.

    Ne lui dis pas.

    – J’ai des alliés puissants maintenant. C’est tout ce que je peux dire.

    4

    LE PASSAGE SECRET

    La cabane dans l’arbre de Cora était exactement dans le même état qu’avant son départ.

    Hormis la vaisselle qu’elle avait laissée dans l’évier. Au lieu de rester là et de s’encroûter de moisissure, elle avait été lavée et mise à sécher sur le comptoir.

    Callon.

    Son épée était posée contre le mur à côté de son lit, tandis que son arc et son carquois étaient sur la table. Ses vêtements étaient toujours dans la penderie, aussi après avoir pris un bain, elle enfila quelque chose de plus confortable et s’allongea sur son lit.

    Les oiseaux se calmaient au fur et à mesure que la nuit tombait, et bientôt, on n’entendit plus que le chant des grillons et le craquement intermittent des branches. Les bras repliés sur la poitrine, elle regardait par la fenêtre le clair de lune s’infiltrer par la canopée.

    On doit lui dire.

    Non.

    Tu viens de dire qu’il te plaît.

    C’est vrai. Mais ça ne signifie pas que je lui fais confiance. Il déteste les dragons, comme tous les elfes.

    Eh bien, il a sauvé Flam du sénéchal d’Easton.

    Pour toi.

    Peu importe pourquoi il l’a fait.

    Au contraire.

    Alors, quel est le plan ? Je t’ai amené ici précisément pour que tu parles à la reine Delwyn et négocies une alliance entre les elfes et les dragons.

    C’était avant que je réalise que tu es détestée à l’unanimité par les elfes et que la reine est corrompue.

    Corrompue est un peu fort…

    Elle cache la vérité à son peuple. Le mot est tout à fait juste.

    Peu importe, parce qu’on a besoin d’elle.

    Pas si elle me trahit. Elle pourrait sacrifier mon peuple pour sauver le sien.

    Elle ne ferait pas ça—

    La perte de plusieurs de ses semblables est une conséquence de mon manque de jugement. Je n’hésiterais pas à sa place.

    Cora n’oublierait jamais le visage de Callon lorsqu’il avait vu les écailles rouges et la longue queue de dragon. Il était si furieux qu’il avait failli rester là. Ce sentiment de haine devait être le même dans toute la société elfique.

    Callon est loyal envers son peuple — mais il est plus loyal envers moi. Tout secret que je lui confie est en sécurité.

    Ashe se tut.

    On doit lui dire, Ashe. Il ne peut pas nous aider s’il ne le sait pas.

    Il déteste les dragons comme tous ses semblables.

    En effet. Mais il changera d’avis… puis il convaincra les autres.

    – Debout.

    Elle grommela et se retourna dans son lit instinctivement, tirant le drap sur sa tête pour bloquer les rayons du soleil.

    Callon parla d’une voix grave, la commandant comme une armée.

    – Cora.

    – La vache, ce que je suis fatiguée…

    – Attends-toi à toujours l’être à partir de maintenant.

    Elle grommela de plus belle.

    – Tout de suite, ordonna-t-il d’une voix plus grave, menaçante.

    – Bon sang, d’accord, râla-t-elle en tirant les draps et frottant ses yeux toujours fermés. Je suis réveillée. Laisse-moi juste prendre un petit-déj…

    – Pas de petit déjeuner. Habille-toi et retrouve-moi en bas.

    – Pas de petit-déj…

    Il était déjà parti.

    Un vrai dictateur.

    Aucune réponse.

    Rien.

    Ashe ?

    Toujours rien.

    – J’aimerais pouvoir faire la grasse matinée…

    Callon frappa la branche de Cora, qui lui tomba des mains.

    – Faible.

    Il bloqua son coup de poing, puis lui tordit le bras.

    – Maladroite.

    Il la poussa, la faisant reculer en titubant sur l’herbe jusqu’à ce qu’elle retrouve son équilibre.

    – As-tu oublié tout ce que je t’ai enseigné ?

    – Non, dit-elle en s’époussetant, puis se redressant. Je ne plaisantais pas quand j’ai dit que j’étais fatiguée. Je n’avais pas dormi depuis deux jours…

    – J’ai déjà combattu pendant quatre jours d’affilée sans dormir.

    – Eh ben, je n’ai pas un million d’années d’expérience à mon actif.

    Il lança sa branche par terre, marquant la fin de la séance.

    – Je ne sais pas combien de temps il nous reste. Mais que ce soit beaucoup ou peu, on ne peut pas perdre une seconde.

    Elle s’essuya le front du revers du bras, épongeant la sueur qui commençait à goutter sur son visage.

    – Je sais. Je serai prête demain.

    – Pourquoi n’as-tu pas dormi pendant deux jours ?

    – Je voyageais.

    – Tu as couru pendant deux jours de suite ? s’étonna-t-il. Étais-tu pourchassée par les chamans ?

    – Non.

    Il plongea les yeux dans les siens, exigeant silencieusement une réponse.

    – J’ai quelque chose à te dire…

    Elle se dirigea vers le ruisseau.

    Il la regarda s’éloigner un instant avant de la suivre. Ils s’assirent ensemble au bord de l’eau, comme ils l’avaient fait des mois auparavant.

    Affamée, elle ouvrit son sac et en sortit la nourriture que Callon avait préparée.

    Le cardinal apparut, atterrissant dans l’herbe devant elle et laissant échapper des petits piaillements pour la saluer. Elle sentit l’esprit de l’oiseau pousser contre le sien, comme s’ils étaient côte à côte.

    – Salut, mon chéri. Contente de te voir.

    Elle lui donna quelques baies avant de le regarder s’envoler.

    Ashe ?

    Je suis là.

    Je dois lui dire.

    Sois discrète.

    Toujours.

    – J’ai quelque chose à te dire, mais ça doit absolument rester entre nous.

    Callon la regardait avec son expression dure, et si elle croisait ce visage sur le champ de bataille, elle serait profondément intimidée.

    – Si ce que tu me dis constitue une menace envers l’Étoile d’Eden ou ma reine, je vais le rapporter.

    – Ça ne constitue pas une menace. Mais si tu le révèles… ça pourrait mettre en danger quelqu’un que j’aime.

    Il plissa les yeux.

    – Me promets-tu de garder mon secret ?

    – Oui, Sor-lei.

    – Tu ne peux pas me poser de questions non plus… j’ai seulement besoin que tu acceptes ce que je vais te dire.

    Callon opina.

    Je peux ?

    Oui.

    – J’ai des alliés qui se sont engagés à combattre aux côtés de la reine Delwyn — si elle accepte.

    Les yeux verts de Callon étaient différents de ceux de Cora. Profonds. Et c’était la seule façon de déterminer son âge — car ils étaient remplis de chagrin, de sagesse et d’expérience.

    Elle parla à voix basse, à peine un chuchotement, même s’ils étaient seuls.

    – Des dragons libres.

    Fidèle à sa parole, Callon ne posa pas de questions. Il fouilla les yeux de Cora pour seule réaction.

    – Je suis revenue pour la convaincre d’accepter l’alliance.

    Il détourna le regard, l’air hagard alors qu’il absorbait l’information.

    Elle lui laissa tout le temps dont il avait besoin.

    Il ne t’a pas posé de questions.

    Parce que j’avais raison — on peut lui faire confiance.

    Après quelques minutes de réflexion silencieuse, Callon reporta son attention sur Cora.

    – Ce plan échouera.

    – Pourquoi ?

    – Les dragons ne sont pas nos alliés. Je parle au nom de la reine Delwyn quand je dis que les elfes refuseront d’aider les êtres responsables de la ruine d’Anastille. La raison pour laquelle j’ai perdu ma femme… mon fils… mon frère. La raison pour laquelle nous avons tous perdu quelqu’un.

    Comme je m’y attendais.

    – Callon…

    – Je vais garder ton secret. Mais tu n’as aucune chance de convaincre la reine Delwyn.

    – Je pourrais… si tu m’aidais.

    Il détourna la tête prestement, rejetant la suggestion.

    – Tu crains que le roi Lux traverse le désert et attaque l’Étoile d’Eden. Peux-tu concevoir des meilleurs alliés qu’une armée des dragons cracheurs de feu voulant délivrer leurs semblables ?

    Il lui battait froid.

    – On doit laisser le passé derrière nous si on veut avoir un avenir.

    Callon fixait le ruisseau comme s’il n’avait pas entendu un seul mot.

    – J’aimerais que tu comprennes l’ampleur de la culpabilité…

    Cora.

    Elle poussa un soupir, long et profond.

    Il a besoin de temps. Donne-lui du temps.

    J’ai besoin de manger.

    Depuis l’arrivée de Cora à l’Étoile d’Eden, elle et Callon s’étaient entraînés dans leur clairière secrète, et après une bonne nuit de sommeil, elle avait retrouvé ses facultés. Elle était toujours aussi facilement désarmée, cependant, et n’avait aucune chance de vaincre quelqu’un du calibre de Callon, mais elle s’était rachetée pour sa piètre performance la première journée.

    Callon lui adressait à peine la parole. Lorsqu’il le faisait, c’était pour lui parler de l’entraînement et rien de plus.

    Cora n’arriva pas à parer un coup de branche à temps, et il lui heurta les côtes. Elle grogna en tombant à genoux.

    – Oh la vache, tu m’as eue.

    Callon lâcha son bâton.

    – Ça ne devrait pas arriver. Fais mieux.

    – J’y travaille.

    – Travaille mieux, alors.

    – Que crois-tu que je fasse ? dit-elle en se serrant les côtes, le fusillant du regard. Je viens ici tous les jours, je me donne à fond…

    – Arrête avec les excuses.

    – Ce ne sont pas des excuses…

    – C’en est à mes yeux.

    Il s’écarta, ses pectoraux légèrement visibles à travers le tissu mince de sa chemise. Lorsqu’il portait son armure, il était large et redoutable. Mais il l’était tout autant en vêtements ordinaires et armé d’une simple branche d’arbre.

    Cora, j’ai besoin de manger.

    Ouais, je t’ai entendu la première fois.

    Alors, obéis-moi.

    T’obéir ? Ooh, tu n’aurais pas dû dire ça.

    Si tu m’obéissais, je n’aurais pas faim en ce moment.

    Vire ce mot de ton vocabulaire.

    Il t’offusque.

    Oui.

    Mais je suis Ashe, le roi des dragons. Je ne comprends pas.

    Dirais-tu à Diamant de t’obéir ?

    Silence.

    Tu comprends, maintenant. Elle se redressa, collante de sueur. Je ne sais pas trop comment sortir de l’Étoile d’Eden sans être vue, puis refranchir la frontière de la même façon.

    Je dois manger régulièrement — alors on doit trouver le moyen.

    Callon posa les yeux sur elle, lourds de déception.

    Oui, je sais.

    Je pourrais chasser ici. Ils ne le sauraient pas…

    Si, ils le sauraient. Ce n’est pas une option. Surtout si on compte demander leur aide.

    – Callon ?

    Ne lui dis pas.

    On n’a pas d’autre choix. À moins que tu veuilles être privé de nourriture ?

    Il laissa échapper un léger grognement.

    Non.

    – Callon, j’ai besoin de ton aide.

    – Je suis déjà en train de t’aider.

    Il lui lança un regard courroucé.

    – Peux-tu me faire sortir de la forêt, puis rentrer sans être vue ?

    Son irritation s’estompa comme l’obscurité au crépuscule. Il la regarda d’un air tranchant.

    – Pourquoi ?

    Ne lui dis pas.

    Ashe…

    Il n’est pas prêt. Crois-moi.

    – Je… je ne peux pas rester.

    Callon plissa les yeux, sa respiration s’accélérant.

    – Je dois pouvoir entrer et sortir comme bon me semble… sans être vue.

    Il crispa la mâchoire.

    – Tes secrets me lassent.

    – S’il te plaît. Je te promets que mes intentions sont innocentes.

    – Quelqu’un pourrait te suivre.

    – Je ne rejoindrai personne.

    Callon semblait toujours irrité, comme si rien ne suffirait à le rassurer.

    – Il existe un passage secret, mais si son existence tombe entre les mains de la mauvaise personne, ça pourrait être catastrophique pour nous tous.

    – Je ne ferais jamais ça.

    – Promets-moi que tu ne rejoindras personne de cette façon.

    – Bien sûr. Je te le promets.

    Il s’écarta.

    – Mangeons. Je te montrerai après.

    Elle le regarda s’éloigner.

    Il t’aime comme j’aime mes petits.

    Je sais…

    Callon et Cora s’enfoncèrent dans les montagnes.

    Marchant devant elle, il se tourna en repérant une marque dans le feuillage.

    Je ne me rappellerai jamais le chemin.

    Moi si.

    Après une heure de randonnée, ils arrivèrent devant un passage rocheux entre deux flancs de montagnes. Callon s’arrêta, et elle sut qu’ils étaient arrivés.

    – Tu sais comment revenir ?

    – Oui.

    Il lui lança un dernier regard avant de se retourner et s’éloigner.

    – Merci.

    Comme s’il ne l’avait pas entendue, il poursuivit son chemin.

    Allons-y. Je crève de faim.

    Cora s’engagea dans le passage. Des racines d’arbres recouvraient les parois et le sol rocheux. Le sentier s’étrécit au fur et à mesure qu’elle avançait, mais était juste assez large pour la laisser passer. Puis elle déboucha sur une ouverture.

    Je vais t’attendre ici. Sois discret.

    Les dragons ne sont pas des êtres discrets.

    Elle eut soudain la tête qui tourne, la vision brouillée, et l’impression qu’on lui déchirait l’âme en deux.

    Elle se retrouva couchée par terre, et un mur d’écailles noires apparut devant elle. Puis elle vit un énorme œil gris s’approcher du sien.

    Tout va bien ?

    – Ouais… je n’étais pas prête, c’est tout.

    Je reviens tout de suite.

    Le dragon s’éloigna, ses pattes énormes faisant trembler le sol sous son poids.

    Cora se redressa et regarda Ashe se recroqueviller

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