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À L’avant-garde du progrès: L’Institut professionnel de la fonction publique du Canada 1920–2020
À L’avant-garde du progrès: L’Institut professionnel de la fonction publique du Canada 1920–2020
À L’avant-garde du progrès: L’Institut professionnel de la fonction publique du Canada 1920–2020
Ebook408 pages5 hours

À L’avant-garde du progrès: L’Institut professionnel de la fonction publique du Canada 1920–2020

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About this ebook

Le 6 février 1920, un petit groupe d’employés de la fonction publique se réunit pour la première fois afin de former une association professionnelle. Un siècle plus tard, l’Institut professionnel de la fonction publique du Canada (IPFPC) est un agent négociateur représentant près de 60 000 travailleurs du secteur public dont les efforts pour le bien collectif améliorent la vie de chaque Canadien.

Publié à l’occasion du 100e anniversaire de fondation de l’IPFPC, À l’avant-garde du progrès dresse le portrait complet de son évolution, de 1920 à aujourd’hui, et lève le voile sur un pan souvent négligé de l’histoire syndicale nord-américaine. L’auteur, Jason Russell, s’appuie sur une abondante collection de sources, dont des documents d’archives et des témoignages de dizaines de membres actuels et passés de l’IPFPC. Marquée par des réussites et semée d’embûches, l’histoire est complexe et racontée avec clarté et modération.

Après des décennies de changements démographiques et générationnels, de booms et de crises économiques et de bouleversements politiques, les membres de l’IPFPC entament les cent prochaines années guidés par la même mission importante que celle qui les a inspirés jusqu’à présent : militer pour une justice sociale et économique pour le bien de tous les Canadiens et Canadiennes.

LanguageEnglish
Release dateOct 31, 2020
ISBN9781771135177
À L’avant-garde du progrès: L’Institut professionnel de la fonction publique du Canada 1920–2020
Author

Jason Russell

Dr. Jason Russell holds a PhD in history from York University and is an associate professor at SUNY Empire State College in Buffalo, New York. He is the author of Our Union: UAW/CAW Local 27 from 1950 to 1990 and Making Managers in Canada, 1945–1995: Companies, Community Colleges, and Universities. He is currently working on several forthcoming books on North American labour history.

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    À L’avant-garde du progrès - Jason Russell

    Cover: À l’avant-garde du progrès

    À l’avant-garde du progrès

    « Dans le contexte de la crise de la COVID-19, À l’avant-garde du progrès arrive à point nommé pour nous rappeler l’importance cruciale d’avoir et de conserver une fonction publique professionnelle. C’est plus que l’histoire d’un syndicat. D’importantes questions sur la capacité, l’autonomie professionnelle et la démocratisation de l’administration sont soulevées tout au long de l’ouvrage, et l’auteur s’attache tout particulièrement aux relations des travailleurs professionnels avec l’État-employeur, le mouvement syndical et la classe ouvrière au sens large. »

    BRYAN EVANS, professeur au département de politique

    et d’administration publique de l’Université Ryerson

    « Les nombreuses personnalités, communautés et causes mentionnées dans À l’avant-garde du progrès dressent un portrait saisissant du cœur même de tous les syndicats, passés et présents. Puisque la densité syndicale la plus élevée se trouve désormais dans le secteur public, la valeur des associations professionnelles n’a jamais été aussi importante. »

    DAVE BULMER, président, AMAPCEO – Association des

    employés et employées gestionnaires, administratifs et

    professionnels de la Couronne de l’Ontario

    « En temps de crise, la valeur de la fonction publique professionnelle du Canada est soudain évidente pour tout le monde. Mais en temps normal, qu’ils le sachent ou non, les Canadiens sont redevables aux femmes et aux hommes dévoués qui assurent la sécurité de notre alimentation et celle de notre environnement. Je suis très heureux que l’histoire riche et remarquable de l’IPFPC nous soit maintenant racontée. »

    HASSAN YUSSUFF, président du Congrès du travail du Canada

    « L’histoire émouvante et exhaustive du premier siècle de l’organisation novatrice de professionnels du secteur public qu’est l’IPFPC, racontée par Jason Russell, décrit merveilleusement bien le pouvoir du syndicalisme, qui peut non seulement relever nos normes de travail, mais aussi rendre notre économie et notre société plus fortes. »

    JIM STANFORD, économiste et directeur du Centre for Future Work

    « Une étude claire et approfondie d’un groupe important de travailleurs du secteur public canadien – les professionnels – qui avaient toujours été des syndicalistes modérés, plus enclins à la collaboration qu’à la confrontation, jusqu’à ce que les gouvernements néolibéraux bouleversent leur vie professionnelle. Jason Russell a fait un excellent usage d’un vaste fonds d’archives, et le plus impressionnant, c’est qu’il a habilement entrelacé les témoignages des nombreux membres de l’Institut qu’il a interviewés. C’est un ajout utile à toute bibliothèque sur l’histoire moderne du travail. »

    CRAIG HERON, professeur émérite, Département

    d’histoire, Université York

    « Dans À l’avant-garde du progrès, Jason Russell a accompli le rare exploit de produire un ouvrage qui donne une vue d’ensemble incisive de l’histoire du travail et de la classe ouvrière tout en racontant en détail et de façon vivante la naissance et la transformation de l’IPFPC : une association devenue syndicat presque malgré elle qui s’est assumée pour prendre la tête de bon nombre des quêtes les plus pressantes de justice sociale et économique. »

    CARLO FANELLI, professeur agrégé et coordonnateur du Département

    d’études sur le travail et le syndicalisme, Université York

    « À l’avant-garde du progrès raconte de façon éclairante, exhaustive et honnête l’histoire de l’Institut professionnel de la fonction publique du Canada. La façon dont Jason Russell raconte comment l’IPFPC a toujours habilement jonglé entre ses objectifs de représentation des fonctionnaires professionnels et sa neutralité politique vaut à elle seule la lecture de ce livre. L’IPFPC est devenu un syndicat complexe, de plus en plus actif dans la défense des droits, des compétences et de l’expertise scientifique et adapté aux besoins des nombreux groupes professionnels qu’il représente. »

    EVERT LINDQUIST, professeur à l’École d’administration

    publique, Université de Victoria

    « Les syndicats du secteur public demeurent non seulement une structure essentielle à la protection des droits des travailleurs, mais ils sont également les garants de nombreuses valeurs importantes de nos institutions démocratiques, y compris l’indépendance, la neutralité, l’utilisation non partisane des données probantes, l’égalité de traitement et l’inclusion. Dans cette excellente histoire, Jason Russell nous rappelle que nous ne pouvons pas compter que sur les politiciens pour protéger les valeurs de notre système démocratique et que l’IPFPC est là pour défendre non seulement les droits durement acquis de leurs membres, mais aussi les droits de tous les Canadiens. »

    KEN RASMUSSEN, Directeur, professeur et responsable

    des études supérieures, Johnson Shoyama Graduate

    School of Public Policy, Université de Regina

    « À l’avant-garde du progrès vient combler une grande lacune dans les ouvrages sur les études syndicales, car l’ouvrage porte sur les employés et les professionnels du secteur public, deux groupes dont les syndicats sont rarement étudiés. Cette étude en profondeur de l’histoire de l’IPFPC donne la parole à de nombreux employés, dirigeants et membres de l’organisation sous la forme d’entretiens détaillés, qui montrent qu’un syndicat n’est pas qu’une structure; il reflète l’identité des travailleurs et les liens qui les lient à leur travail et à leur communauté. »

    THOMAS COLLOMBAT, professeur agrégé en science

    politique, Université du Québec en Outaouais

    À L’AVANT-GARDE

    DU PROGRÈS

    Institut professionnel de la fonction publique du Canada 1920-2020

    Jason Russell

    BETWEEN THE LINES

    Toronto

    À l’avant-garde du progrès

    © 2020 Jason Russell

    Première publication en 2020 par :

    Between the Lines

    401, rue Richmond Ouest

    Studio 281

    Toronto (Ontario) M5V 3A8

    Canada

    1-800-718-7201

    www.btlbooks.com

    Tous droits réservés. Cet ouvrage ne peut aucunement être photocopié, reproduit, stocké dans un système de recherche documentaire ou transmis, en tout ou en partie, sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit, électronique, mécanique, sauvegarde ou autre, sans l’autorisation écrite de Between the Lines ou (pour copie au Canada seulement) d’Access Copyright, 69, rue Yonge, Suite 1100, Toronto, ON M5E 1K3.

    Aucun effort raisonnable n’a été ménagé pour identifier les détenteurs de droits d’auteur. Between the Lines apprécie qu’on lui signale toute erreur ou omission.

    L’information sur le catalogage avant publication est disponible à Bibliothèque et Archives Canada.

    ISBN 9781771135160

    EPUB ISBN 9781771135177

    Conception du texte : David Vereschagin, Quadrat Communications

    Conception de la couverture : DEEVE

    Imprimé au Canada

    Ce livre est devenu réalité grâce au soutien financier de l’Institut professionnel de la fonction publique du Canada.

    Nos remerciements vont au gouvernement du Canada, au Conseil des Arts du Canada et au gouvernement de l’Ontario (par l’intermédiaire du Conseil des arts de l’Ontario, du programme de crédit d’impôt pour les éditeurs de livres de l’Ontario et d’Ontario Creates) pour le soutien financier qu’ils accordent à nos activités de publication.

    Table des matières

    Liste des illustrations

    Remerciements

    Mot de la présidente

    Avant-propos

    Introduction

    Chapitre 1 : Nous sommes des professionnels, 1920-1969

    Chapitre 2 : Nous sommes un syndicat. Et maintenant? 1970-1979

    Chapitre 3 : De meilleures conditions pour nos membres, 1980-1989

    Chapitre 4 : Rien n’est jamais acquis, 1990-1999

    Chapitre 5 : Au seuil du nouveau siècle, 2000-2009

    Chapitre 6 : L’IPFPC prend sa place, 2010-2019

    Conclusion

    Les présidents de l’IPFPC

    Gagnants de la Médaille d’or de l’Institut

    Groupes de l’Institut, 1970

    Groupes de l’Institut, 2019

    Personnes interviewées

    Remarque concernant les sources

    Notes

    Index

    Illustrations

    Figures

    1-1. Le fondateur de l’Institut, J. B. Challies

    1-2. Le bureau de l’Institut, 786, chemin Bronson (1964-1989)

    1-3. Le Conseil d’administration de l’Institut (1959-1960)

    2-1. Caricature de l’ IPFPC d’octobre 1977 dépeignant une vision idéalisée des relations de travail

    2-2. Une infirmière de l’ IPFPC travaillant à l'Hôpital Blood Indian de Cardston, en Alberta

    3-1. Leroy Stone reçoit la Médaille d’or de l’ IPFPC

    3-2. Le Conseil régional du Québec

    3-3. Un membre de l’ IPFPC travaillant au Conseil national de de recherches du Canada

    4-1. Le bureau de l’ IPFPC , 53, promenade Auriga, Ottawa (1990-2006)

    4-2. John Polanyi prenant la parole à l’ IPFPC (1993)

    4-3. Incidence de l’« austérité budgétaire » dans les publications (1970-2000)

    4-4. Incidence de la « privatisation » dans les publications (1970-2000)

    5-1. Eddie Gillis et Michèle Demers

    5-2. Lauren Jain, boursière de l’ IPFPC (2005)

    5-3. L’équipe de baseball du personnel de l’ IPFPC (2001)

    6-1. Le bureau de l’ IPFPC , 250, chemin Tremblay, à Ottawa

    6-2. Fini Phénix

    6-3. Journée nationale des Autochtones de l’ APTN , le 22 juin 2019, à Whitehorse, au Yukon

    6-4. Le Conseil exécutif national de l’ IPFPC (2019)

    C-1. Liste des présidents de l’ IPFPC

    Tableau

    4-1. Grèves d’unités de négociation (1976-2001)

    Remerciements

    Ce livre est devenu réalité grâce aux efforts du personnel de l’Institut professionnel de la fonction publique du Canada. Sa genèse remonte à 2016, avec la mise sur pied (dans le cadre de la planification générale du centenaire de l’IPFPC) d’un comité de rédaction composé de Steve Hindle, Bob McIntosh, Brian Beaven et Laureen Allan. Sa première mission fut de recruter un auteur pour son livre. Puis, le comité commenta les chapitres et la version finale du manuscrit tout en précisant certains aspects de l’histoire du syndicat. Il faut particulièrement souligner la contribution de Laureen Allan, chargée d’organiser les interviews et de les retranscrire. Sans elle, ce livre n’aurait pas pu voir le jour. D’autres membres du personnel de l’Institut ont participé à la réalisation de cet ouvrage, dont Linda Gauthier, Mathieu Gorman, Marielle Nadon, Linda Martel, Tania Talbot et Alain Daoust. Le manuscrit a été révisé par Joseph Tohill. Hélène Poulin en a fait la traduction française, qui a été révisée par Marie-Claude Hébert. La traductrice tient à remercier ses collègues traducteurs Vicken Avrikian, Pascal Roseau et Christian Poulin d’avoir tenu le fort en son absence. Amanda Crocker, Devin Clancy et le personnel de Between the Lines Books ont mené à bien l’impression de ce livre. La conception graphique du livre est l’œuvre de David Vereschagin.

    Mot de la présidente

    À l’avant-garde du progrès raconte l’histoire de l’Institut professionnel de la fonction publique du Canada (IPFPC) pour commémorer le centenaire de sa fondation. Ce livre est un hommage aux personnes dont la vision, le temps et les efforts ont assuré cent ans de progrès aux Canadiens et cent ans de gains aux travailleurs.

    Que de chemin parcouru depuis le 6 février 1920, jour où un groupe d’employés de la fonction publique s’est réuni pour la première fois! Leur but était de promouvoir le bien-être des membres, de maintenir des normes professionnelles élevées et de rehausser la valeur des services publics assurés aux Canadiens.

    L’Institut défend une fonction publique de calibre mondial, qui agit objectivement, dans le seul but de protéger le bien collectif. Les Canadiens méritent une fonction publique possédant les ressources et le personnel nécessaires pour maintenir et améliorer leur qualité de vie d’un océan à l’autre. C’est pourquoi l’Institut protège l’intégrité des professionnels de la fonction publique, qui sont les champions de la protection du bien-être social, économique et environnemental du Canada et des Canadiens.

    L’IPFPC s’est toujours fait l’agent de la promotion d’une justice sociale et économique profitable à tout le monde. Le succès n’a pas toujours été au rendez-vous, mais la vision de l’Institut et la détermination de ses membres se sont traduites en progrès et en résultats, même s’il a parfois fallu attendre des années pour cueillir les fruits de leurs efforts.

    Je me réjouis de la diversité des membres et du personnel de l’Institut. Notre syndicat est né de leur dévouement et leur dynamisme l’a fait progresser. Notre diversité est notre force. Nous sommes solidaires. Nous sommes bien mieux ensemble.

    C’est un honneur pour moi d’être présidente de l’Institut, surtout en cette année où nous célébrons un siècle de résultats. Je suis fière de notre évolution et je suis convaincue que nous serons à l’avant-garde du progrès pendant encore cent ans.

    Debi Daviau

    Présidente de l’Institut professionnel

    de la fonction publique du Canada

    Avant-propos

    Avec ce nouveau livre et l’ouvrage qui l’a précédé, Serving the State (non traduit), nous disposons maintenant d’un compte rendu définitif des cent premières années de notre histoire collective. Puisque nous célébrons cet événement-anniversaire de l’IPFPC, c’est le moment idéal de passer en revue notre histoire – et surtout nos cinquante dernières années – afin de dégager des constantes qui nous aident à comprendre le cheminement de l’Institut en tant que défenseur des intérêts des professionnels. Même si, de toute évidence, l’événement le plus important de l’histoire de l’Institut est son passage du statut d’association professionnelle à celui d’agent négociateur, ce nouveau livre confirme ses assises, jamais remises en question : la satisfaction des besoins de ses membres et la recherche de données probantes pour éclairer ses décisions, combinant ainsi la fonction de syndicalisation aux plus grandes qualités des associations professionnelles.

    L’élément capital de cette évolution est sans aucun doute le leadership. L’Institut professionnel n’a jamais été le plus important syndicat du secteur public fédéral, mais son solide leadership et sa vision lui ont permis d’exercer une influence au-delà de ses limites. Le succès de l’Institut, décrit dans ces pages, a gagné des domaines aussi variés que la négociation collective, les relations gouvernementales et la bonne volonté des communautés. Le leadership des membres élus et du personnel dévoué est évident à l’Institut, dans les syndicats affiliés, dans les coulisses du pouvoir politique et dans notre communauté d’alliés et d’amis. Notre leadership, présent dans tout ce que nous entreprenons, est devenu notre marque de commerce et fait partie intégrante de notre ADN en tant que syndicat voué au mieux-être de nos membres et de la société canadienne. Nous solidariser et agir ensemble pour améliorer la vie de nos membres, c’est notre mission. Ce livre prouve sans conteste que nous avons été à la hauteur de cette mission ces cent dernières années. Nous avons toutes les raisons de croire que pour le siècle à venir, nous poursuivrons dans la même voie en nous inspirant de notre riche histoire.

    Edward Gillis

    Administrateur en chef des opérations et secrétaire général

    de l’Institut professionnel de la fonction publique du Canada

    Introduction

    Depuis une quarantaine d’années, de nombreux historiens étudient la genèse du mouvement syndical au Canada. Puisque, au Canada, l’histoire du monde ouvrier est considérée comme un sous-domaine dynamique de l’histoire sociale depuis la fin des années 1970, les historiens du monde syndical écrivent l’Histoire en privilégiant le point de vue des travailleurs. Ils se sont penchés sur la façon dont ceux-ci se regroupent pour former de nouveaux syndicats, obtenir des changements par la négociation collective et la défense des droits au-delà du milieu de travail, résister à la perte d’emploi, s’engager dans l’action politique et tenter ainsi d’améliorer leur vie et celle de leur famille.

    L’histoire de l’Institut professionnel de la fonction publique du Canada (IPFPC) fait l’objet de ce livre. Ce syndicat, fondé en 1920 à titre d’association professionnelle, représente aujourd’hui près de 600 000 travailleurs du secteur public occupant des emplois très variés dans des ministères et des organismes du gouvernement fédéral canadien, ainsi que dans certaines administrations provinciales et territoriales. Dans cet ouvrage, des réponses sont proposées à ces trois importantes questions : L’IPFPC, qu’est-ce que c’est? Que fait l’IPFPC? Comment change-t-il la vie de ses membres et vice-versa? Diverses réponses sont également données à plusieurs sous-questions pour expliquer le contexte de la création de l’IPFPC, ses relations avec le gouvernement-employeur et l’évolution de la composition de ses membres et de son leadership, sa structure organisationnelle interne et sa gouvernance, ainsi que sa mission de défense des intérêts et ses négociations collectives.

    Les dirigeants de l’IPFPC ont demandé la réalisation de ce livre pour souligner le centième anniversaire du syndicat. Ce livre, qui s’adresse d’abord aux membres passés, actuels et futurs de l’Institut, se veut du reste accessible à un public plus vaste, soit les gens qui s’intéressent au syndicalisme ou au secteur public. Il s’agit de l’histoire de militantes et militants syndicaux du secteur public de cette importante organisation de travailleurs qui, tous, ont contribué à changer la vie quotidienne des citoyens. Leur voix se fait entendre souvent, avec éloquence et force. Par ailleurs, ce livre n’est pas une hagiographique : personne à l’IPFPC n’a envie de se regarder avec complaisance. Son objectif est plutôt d’enrichir les connaissances existantes sur les relations du travail au Canada avec une analyse équilibrée des réalisations des cent dernières années de cette organisation. Il n’est pas question d’une théorie exhaustive de ce milieu, mais plutôt des développements qui ont changé la vie des travailleurs au fil du temps et des réactions de ces derniers à cet égard.

    L’IPFPC dans l’histoire du mouvement syndical et de la classe ouvrière

    Les syndicats font l’objet d’enquêtes historiques au Canada depuis la publication du magnum opus d’Eugene Forsey sur les syndicats au Canada du XIXe siècle et du rapport d’étude de Bryan Palmer et Greg Kealey de 1982 sur les Knights of Labour, en Ontario. En général, les recherches portent sur les syndicats du secteur privé et surtout sur ceux du secteur manufacturier. Les travailleurs industriels et leurs syndicats sont au cœur de l’histoire de Sam Gindin sur les travailleurs canadiens de l’automobile, de David Soebel et Susan Meurer sur Inglis, de Jamie Swift sur le Syndicat des communications, de l’énergie et du papier, et de Wayne Roberts sur le Syndicat des travailleurs de l’énergie et de la chimie. Quant aux travailleurs du secteur des services, ils occupent une place centrale dans les recherches d’Eileen Sufrin sur le militantisme des travailleurs de la chaîne de grands magasins Eaton et dans la récente thèse de Julia Smith sur la syndicalisation dans les banques1.Cette expérience plus vaste de la classe ouvrière suscite une documentation abondante, comme en témoignent les travaux de Craig Heron2.

    Les organisations de travailleurs du secteur public sont relativement peu étudiées au Canada. Si des études récentes portent sur la situation syndicale générale dans le secteur public canadien, rares sont celles qui concernent en particulier les syndicats, comme c’est le cas de la thèse de Stephanie Ross, portant sur la création du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP3). Parmi les études sur les syndicats du secteur public des États-Unis, on trouve des ouvrages sur l’American Federation of Government Employees, l’American Federation of Teachers et la National Education Association, et l’American Federation of State, County, and Municipal Employees. Cela dit, les syndicats du secteur public américain sont également sous-représentés dans l’historiographie américaine des relations du travail, surtout compte tenu du rôle central qu’ils jouent dans le mouvement syndical américain4.

    Ce livre vise à combler un vide dans la documentation sur l’histoire des organisations de travailleurs, non seulement au Canada, mais aussi en Amérique du Nord en général parce qu’il est consacré à un syndicat influent du secteur public. Portant sur les membres de l’Institut, des travailleurs professionnels, cet ouvrage enrichit d’autant plus les travaux sur l’histoire des syndicats en Amérique du Nord. Jusqu’ici, en effet, les professionnels retenaient moins l’attention des chercheurs que les travailleurs d’autres classifications d’emploi.

    Recherches sur l’IPFPC

    Faire des recherches au sujet d’une organisation prend du temps et requiert l’accès à des sources de première main. La rédaction de ce livre a été écourtée pour satisfaire à une échéance : le centième anniversaire de la fondation de l’organisation. La préparation du livre a commencé à l’été 2017, mais sa rédaction devait être terminée à la fin de 2019 pour permettre sa traduction et son impression en 2020.

    La surabondance de sources documentaires (une bénédiction), a aussi rendu difficile le choix des éléments à inclure et à mettre en valeur dans cette étude. À l’avant-garde du progrès repose sur de nombreux documents d’archives déposés par l’IPFPC à Bibliothèque et Archives Canada ou encore conservés à son bureau national, tous deux situés à Ottawa (Ontario). Les témoignages de vive voix ont aussi beaucoup servi à reconstituer l’histoire de l’IPFPC. Des douzaines de membres actuels et passés de l’ensemble du Canada ont bien voulu se prêter à des entrevues, et le livre intègre le plus grand nombre possible des souvenirs de ces personnes. Ces témoignages permettent non seulement de relater des expériences de travail et syndicales passées, mais aussi d’obtenir une perspective intéressante. En effet, ces entretiens décrivent l’Institut de manière plus vivante que tout ce que l’on pourrait trouver dans des documents écrits. Dans l’ensemble, ces sources ont servi à rendre compte de la diversité de l’expérience des membres de l’IPFPC, peu importe le lieu de travail ou de résidence au Canada, la langue officielle parlée ou l’emploi occupé.

    Organisation

    Cet ouvrage est divisé en six chapitres chronologiques portant sur divers sujets : les dirigeants et le personnel, la gouvernance, la négociation collective, le syndicat dans la vie politique et dans la collectivité, et la signification même du fait d’être membre d’un syndicat. Il fait la part belle aux décennies postérieures à 1970, car il prend la suite du livre que l’IPFPC avait commandé cette année-là pour souligner son cinquantième anniversaire. Intitulé Serving the State (non traduit), ce premier tome décrivait en détail l’évolution de l’Institut de 1920 à 1970.

    Le premier chapitre de ce nouvel ouvrage est d’ailleurs consacré à cette période. Cependant, contrairement au livre précédent (qui mettait l’accent sur la gouvernance interne), c’est plutôt le contexte socioéconomique et politique de la fondation de l’Institut qui est décrit dans le premier chapitre, ainsi que l’évolution de celui-ci dans les années 1920 et la Deuxième Guerre mondiale, et, enfin, comment il est devenu un syndicat par l’adoption d’une loi sur la négociation collective dans le secteur public à la fin des années 19605. Ayant vu le jour en tant qu’association professionnelle à une époque où le militantisme des travailleurs était réprimé au Canada, l’IPFPC faisait partie d’un mouvement plus vaste visant à professionnaliser la fonction publique, à éliminer le favoritisme et à promouvoir le principe de l’embauche fondée sur le mérite. De 1920 à la fin des années 1960, les membres de l’Institut se considéraient comme des professionnels, membres d’une association d’employés. La croissance, l’industrialisation et la prospérité du Canada ont fait évoluer l’IPFPC en même temps que le pays. Au début, l’organisation était composée de professionnels blancs, anglophones et de sexe masculin, ce qui correspondait au profil d’embauche de l’employeur à cette époque. La composition de l’Institut s’est modifiée après la Seconde Guerre mondiale, avec l’arrivée d’un plus grand nombre de femmes dans la fonction publique. Des politiques publiques comme le bilinguisme officiel et le multiculturalisme l’ont façonné. Plus de francophones sont entrés dans la fonction publique dans les années 1960 et au cours des décennies suivantes, et la composition de l’Institut a suivi l’évolution démographique du Canada en se diversifiant et en accueillant un plus grand nombre de Néo-Canadiens du monde entier.

    À la fin des années 1960, l’IPFPC est passé d’une association à un syndicat. Ses membres ont continué de déployer des efforts pour améliorer leur vie et celle des citoyens qu’ils servaient. L’identité organisationnelle de l’Institut était en grande partie déjà établie, bien avant l’adoption de la Loi sur les relations de travail dans la fonction publique (LRTFP) en 1967, qui autorisait la syndicalisation des fonctionnaires. Cette loi découle de discussions entamées des dizaines d’années plus tôt sur la nature des relations de travail dans la fonction publique. Néanmoins, son adoption a exercé une profonde influence sur l’Institut et sur la perception que ses membres avaient d’euxmêmes. C’est l’idée du professionnalisme de la fonction publique qui a le plus contribué à changer cette perception. Les membres de l’Institut ont toujours eu un niveau de scolarité beaucoup plus élevé que la moyenne canadienne. Depuis toujours, les membres appellent leur organisation l’Institut ou l’IPFPC, mais ils évitent souvent d’en parler comme d’un syndicat, même cinquante ans après les premières négociations collectives autorisées par la LRTFP. Toutefois, ces trois appellations seront utilisées indifféremment dans le livre. Le deuxième chapitre portera sur les années 1970. Cette décennie, qui a vu les membres de l’Institut s’adapter aux avantages et aux limites de la négociation collective et les travailleurs du secteur public souffrir du contrôle des salaires et des prix, a été une période charnière pour l’Institut. L’IPFPC est en pleine croissance dans les années 1970, et cette croissance a engendré des discussions internes houleuses sur la structure et la gouvernance de l’organisation. Le chapitre 3 décrit les années 1980 : l’IPFPC a alors commencé à connaître des changements démographiques plus importants avec l’arrivée des premiers enfants du baby-boom dans des rôles de leadership. L’Institut avait déjà élu sa première femme présidente dans les années 1960, et les années 1980 ont accueilli un plus grand nombre de femmes à des postes électifs. Mais cette décennie a également été marquée par des changements politiques qui ont eu des répercussions sur l’Institut. Le Canada a ainsi élu son premier gouvernement progressiste-conservateur majoritaire depuis John Diefenbaker, élu premier ministre au début des années 1960. Les attitudes à l’égard du rôle du gouvernement ont commencé à changer avec l’émergence du néolibéralisme, une idéologie politique et économique préconisant des politiques telles que la réduction du rôle de l’État, la déréglementation des entreprises, la conclusion d’accords de libre-échange et l’affaiblissement des filets de sécurité sociale, dont les fonctionnaires fédéraux ont senti l’influence.

    Le quatrième chapitre traite des années 1990, qui ont vu les gouvernements mettre en œuvre des politiques néolibérales d’austérité budgétaire préjudiciables aux membres de l’IPFPC. Au cours de cette période, l’organisation s’est fait connaître davantage du public, a accueilli de nouveaux membres, est devenue plus complexe et a dû gérer des conflits internes. Le chapitre 5 passe en revue les temps difficiles qui ont suivi les années 2000. Une fois élu, le nouveau gouvernement conservateur (dont le parti a manifestement abandonné toute velléité progressiste) a ouvert les hostilités à l’égard des travailleurs de la fonction publique. L’Institut a néanmoins continué à faire des gains dans ses négociations collectives et a élu pour la troisième fois une femme à sa présidence. Le changement générationnel s’est accentué avec l’adhésion de jeunes travailleurs au syndicat et le départ à la retraite de la génération du baby-boom. Enfin, le dernier chapitre traite des années 2010. La plupart des questions qui ont préoccupé l’Institut dans les décennies précédentes sont demeurées les mêmes : salaires et avantages sociaux, modification des compétences requises et politique gouvernementale à l’égard des fonctionnaires, par exemple. Cependant, l’organisation et ses membres ont appris à mieux gérer ces questions. Le retour d’un gouvernement libéral en 2015 signale un autre virage politique important. Puis, l’IPFPC élit sa quatrième présidente. Une nouvelle génération de militants s’engage dans ses activités syndicales et l’organisation fait le bilan de son premier siècle d’existence.

    L’histoire complexe décrite dans ces chapitres met en lumière les réalisations de l’Institut et de ses membres, ainsi que les défis auxquels ils ont fait face au cours des cent premières années de l’Institut. Au cours de cette période, l’Institut a évolué pour devenir un syndicat qui s’engage dans le processus de négociation collective et qui défend les droits de ses membres au-delà du milieu de travail. Ses antécédents d’association professionnelle ont façonné l’évolution de l’Institut différemment des autres syndicats du secteur public : il demeure organisé par profession et non par ministère ou organisme; il se dit non partisan, même s’il s’est investi davantage sur la scène politique; et il adopte une approche plus collaborative en matière de relations patronales-syndicales et de négociation collective que la plupart de ses homologues. Comme depuis sa création, l’IPFPC représente les fonctionnaires de l’ensemble du Canada, et ceci même si ses membres sont concentrés dans les grands centres urbains. La moitié des membres de l’Institut se trouvent dans la région de la capitale nationale du Canada. Les membres de Toronto arrivent au deuxième rang quant au nombre et sont suivis de ceux de Montréal et de Vancouver, qui se disputent le troisième rang. Les Canadiens ne savent pas à quel point leur vie est influencée par les membres de l’Institut.

    Chapitre 1

    Nous sommes des professionnels, 1920-1969

    Pour comprendre le fonctionnement de l’Institut professionnel de la fonction publique du Canada ( IPFPC ) en tant qu’organisation de défense des intérêts de ses membres, il faut remonter à la genèse de la première fonction publique du Canada. C’est vers 1867, l’année de naissance de la Confédération, que la trame de la création de l’Institut commença à se tisser. L’ IPFPC fut fondé peu après la Première Guerre mondiale. Cette période clé de l’histoire canadienne est marquée par l’hostilité à l’endroit du mouvement syndical, qui s’affaiblit et décline. Plusieurs tendances importantes apparues au Canada juste avant le tournant du XX e siècle et jusqu’aux années 1920 transformèrent profondément le développement de l’Institut et la façon dont ses dirigeants et ses membres se percevaient dans les années qui ont suivi la Deuxième Guerre mondiale. Ce chapitre traite de la naissance de l’Institut et de la façon dont il a évolué en même temps que le Canada au cours de ses cinquante premières années d’existence, sous l’effet de fortes influences externes et internes.

    Par ailleurs, ce chapitre se démarque des autres, car il couvre une période beaucoup plus longue. Comme l’Institut n’entreprit pas de négociations collectives avant la toute fin de cette période, on y aborde moins la question des

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