Vanity Fair France

FORTUNE, SHOWBIZ & GROSSES CASSEROLES

Le 29 novembre 2016, un nouveau détenu fait son entrée dans la maison d’arrêt de Bois-d’Arcy, près de Versailles. Il a 36 ans, porte un costume cintré, des richelieux bien cirés. La crasse et l’odeur de pourriture mêlée à la javel le saisissent d’emblée, tout comme ces tombereaux d’insultes hurlées à travers les barreaux. Après une fouille humiliante, il traverse la cour puis une enfilade de couloirs froids, la peur au ventre. Certains prisonniers le couvrent déjà d’injures, persuadés de reconnaître un indicateur de police. Parvenu au quartier des arrivants, il est placé dans une cellule, seul, avec une soupe lyophilisée pour seule compagnie. Les jours suivants, le voilà déplacé d’une cellule de 9 m2 à l’autre, entre un tueur multirécidiviste et un homme accusé d’homicide « parce qu’on avait mal parlé à sa sœur ». Lui peine à expliquer les raisons de sa présence. Quand on lui pose la question, il élude, parle d’une « vague escroquerie ».

Deux mois après son placement en détention provisoire, Le Parisien vend la mèche : « Le patron des restaurants Chez Clément en prison, soupçonné de malversations », titre le quotidien. Stanislas Dewynter est accusé d’avoir floué certains des investisseurs et d’avoir pioché dans les comptes de plusieurs de ses sociétés pour en abonder d’autres. On parle de 15 millions d’euros de transfert injustifié, de détournement d’espèces, des rémunérations « indues » à hauteur de 3,4 millions d’euros en deux ans. La machine à fantasmes s’emballe.

Qu’aurait-il fait de tout cet argent ? Le petit milieu des tables parisiennes s’interroge : on se remontre les photos de ce playboy aux yeux bleus habitués à faire des ravages, à la silhouette si bien entretenue, toujours accompagné de jolies sylphides. Il a régné pendant plus d’une décennie sur des établissements prestigieux, le restaurant du théâtre du Rond-Point au pied des Champs-Élysées, les jardins de Bagatelle nichés dans le bois de Boulogne, le Saut du loup en face du Louvre ou encore l’hôtel Ermitage à Saint-Tropez. Il menait la grande vie, côtoyait le showbiz, était consulté par des ministres, avant que le rachat d’une chaîne de restaurants populaire ne le pousse à réaliser quelques acrobaties comptables. À la honte d’apparaître aux yeux de tous comme un piètre gestionnaire, s’est ajoutée la violence de trois mois passés en détention dans l’une des prisons les plus miteuses du pays.

Cette histoire, Stanislas Dewynter ne l’avait jamais racontée. Il a d’ailleurs longtemps hésité à me la confier. Lors de nos premiers rendez-vous, il feignait de se demander quel était son intérêt de parler, comme si la quête de rédemption ne le concernait pas. Une autre réalité s’est dessinée au fil de nos conversations : au fond, l’homme se voit comme un grand brûlé du monde des affaires, victime expiatoire du jeu obscur des tribunaux de commerce. Non, jure-t-il, il n’est pas l’escroc dépeint dans les médias. Finalement, il a pris le temps de décrire

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