
Tallandier, 368 p., 21,90 €

On ne présente plus Michel Goya, officier des troupes de marine, docteur en histoire contemporaine et collaborateur régulier de. Son dernier opus est un véritable service rendu à la nation française qui n’est sans doute pas consciente du surengagement ahurissant de ses forces armées depuis 60 ans. Les interventions ont été si nombreuses qu’on ne connaît pas leur nombre exact, entre 115 et 400! L’auteur se concentre sur les 32 majeures, celles qui ont engagé au moins 1 000 hommes et connu de réels combats. Si le nombre de tués (670) ainsi que le coût financier (environ 1 milliard d’euros par an en moyenne) restent limités, cette inflation des Opex a totalement remodelé une armée qui lui est aujourd’hui entièrement dédiée et qui nomadise sans cesse, de l’Afrique au Moyen-Orient, de l’Afghanistan à l’océan Indien. L’Afrique domine, de la première opération étudiée (Bizerte 1961) à la dernière, au Mali (Serval en 2013-14, prolongée en Barkhane). Mais cette armée surengagée ne cesse de perdre de la substance à force de rabotages budgétaires. Elle ne peut plus engager que 15 000 hommes et 45 avions au maximum, et encore en étant dépendante de la logistique et du renseignement américains. Cette hyperactivité ne se comprend que dans le cadre des institutions de la Ve République avec un Président qui décide seul et vite de l’envoi des forces, phénomène unique dans les démocraties.