Blaise Wilfert: « Le récit sur la mondialisation porté par les souverainistes est un mythe »

EN PLEINE EXPANSION DEPUIS LES ANNÉES 1980-1990, la mondialisation néolibérale dépouillerait les Etatsnations de leurs attributs. Face aux flux financiers comme migratoires devenus incontrôlables, la France n’aurait qu’une solution: retrouver sa souveraineté, relocaliser les activités industrielles et fermer ses frontières. Relayée par les souverainistes, cette vision du monde s’est imposée dans une gauche qui a abandonné son internationalisme, comme dans une droite de moins en moins libérale. Mais, selon l’historien Blaise Wilfert, ce « grand récit de la mondialisation » a tout d’une fable édifiante. Dans une brillante analyse faite pour le think tank libéral GénérationLibre (dont il est chercheur associé), ce maître de conférences en histoire contemporaine et directeur des études du département des sciences sociales à l’Ecole normale supérieure rappelle que la mondialisation ne date pas d’il y a quarante ans, que la construction de l’Etat-nation est une réalité récente à l’échelle historique, et que les deux ne s’opposent nullement, au contraire. Entretien.
La mondialisation et l’Union européenne, perçue comme son cheval de Troie, se retrouvent aujourd’hui accusées tous les maux. Comment l’expliquez-vous?
Cette critique remonte au moins aux années 1990. Elle s’inscrit alors en réaction à un discours globaliste qui pouvait effectivement être envahissant et béat, suite à la reconfiguration géopolitique provoquée par la fin de l’Union soviétique. Avec la disparition du
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